Comment le vin du Stromberg prit
la clé des champs
Une bouteille de bon vin est sans doute une bonne chose à diner
mais vous n'avez peut-être pas pensé que si on demandait son avis à son contenu,
et bien, celui-ci ne serait peut-être pas le même que du vôtre. Dans une bouteille
de vin du Stromberg, vous savez cette belle cave sur la route de
Petite-Hettange, un merveilleux liquide pétillant et ambré aspirait à gagner sa liberté. A
l’intérieur d’une épaisse bouteille, argumentant du fait qu’il était couleur
d’or et chargé de perles, le nectar trop précieux pour sortir de sa prison de
verre pour immédiatement se retrouver dans un ventre, se mit à bouillonner avec
force et conviction. Il décida de prendre sa liberté. Hélas la bouteille était
bien cachetée et ficelée très serrée par un fil de fer qui refusait de se
laisser corrompre. De plus le bouchon faisait la sourde oreille et refusait
obstinément tout compromis. Je suis de liège disait-il, incorruptible et tête
de mule. Si bien que pour y parvenir le
bouchon était devenu pour le vin une grande affaire. Les bulles avaient été mises
à contribution pour apporter des idées. Ce jour-là, une bouteille avait été
sortie délicatement de la sombre cave. Le vigneron, les jours de froidures
aimait à organiser des repas où quantité de gens venaient se délecter de fortes
victuailles et de bon vin, pétillant ou non.
Notre bouteille au début un peu perdue par tant de brouhaha mais patiente
attendait son heure de passer à table. Elle était la dernière et le moment
approchait. Elle en était très fière. Elle connaissait son avenir, retour à la
cave après une toilette qui la ferait briller puis elle aurait la garde d’un
nouveau breuvage, la belle vie. Tout près d’elle, contre le verre, un
gratouillis la chatouilla et attira son attention. Une bulle qui passait fut
chargée d’aller aux renseignements. Elle revint toute excitée et rapporta cette nouvelle : notre heure
approche, il y a un tire bouchon !!!!
« Oh … Un tire-bouchon !!! S’écria
le délicieux breuvage, un tire-bouchon pour enlever ce maudit liège et que tout
ce qui me gêne s’en aille au loin et que je trouve enfin ma liberté… Au
secours !!! Au secours !!! ». Mais revenons à notre bouteille.
De voir le tire-bouchon et d’essayer d’attirer son attention a mis le crémant dans
tous ses états. Il s’énervait et essayait par tous les moyens de rompre ses
liens. Le vin bouillonnait, fermentait et écumait, impatient de s’élancer au-dehors. Enfin le
liège trouva son maitre. Il céda sous la pression. Le bouchon sauta en l’air
dans un bruit de canon, emportant au passage le fil qui claqua comme un coup de
fouet. La porte de la prison était ouverte, le vin ne perdit pas de temps. Il courut et se répandit tout à son aise. En une
petite poignée de secondes, la bouteille était vide. Pour le reste, il parait
qu’on vit passer un petit filet, tout bouillonnant et impatient, qui ne perdit
pas de temps pour se rendre au ruisseau d’Oudrenne, qui comme chacun le sait rejoint
la Moselle, qui rejoint le Rhin, qui rejoint la mer du Nord …
Christian LUZERNE Conteur de
Légendes.
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