vendredi 4 novembre 2016

Gustave, l’enfant gourmand de Thionville

Il y avait à Thionville un enfant comme les autres qui s'appelait Gustave. Il fut un jour le premier de sa classe. Sa maman Annanie en fut la première au courant, son père très fier proclama dans toute la rue de la Tour que son fils était un génie, un peu comme lui d’ailleurs. Il voulut faire sonner la Grosse Suzanne pour l’occasion, mais ça lui fut refusé.  Très fière, Annanie en rêva toute la nuit. Le lendemain, s'étant levée de bonne heure, elle se mit à pétrir un magnifique gâteau. Il était grand comme la petite roue d’une charrette. Annanie l'avait rempli de crème aux œufs épaisse à souhait, d'amandes, de noix, de tranches de citron confit. Elle avait glacé le dessus avec du sucre, de sorte qu'il était blanc comme de la neige. Le gâteau ne fut pas plutôt cuit, qu’Annanie chargea Gustave de le porter à l'école. Lorsque le petit Gustave l'aperçut, il sauta de joie, en frappant dans ses mains. Sur le chemin de l’école il n'eut pas la patience d'attendre.  Il se mit à le ronger à belles dents comme un écureuil. Il en mangea toute la journée, s’en remplit les poches et le cartable avant d’arriver en cours. Il en mangea encore le soir, jusqu'au moment de se mettre au lit. Son petit frère assura  qu'en se couchant, il avait mis du gâteau sous son oreiller, et qu'il se réveilla plusieurs fois la nuit pour le grignoter. J'ai bien quelque peine à le croire. Mais il est très sûr au moins que le lendemain, au point du jour, il recommença de plus belle. Il continua de ce train toute la matinée, jusqu'à ce qu'il ne restât plus une seule amande de tout ce grand gâteau. Pour engloutir les dernières miettes au fond de son cartable, il s’assit sur un banc du Parc Wilson, là Gustave fut le témoin horrifié d’une incroyable histoire : il venait  de se lever et arrivait au milieu du Parc, il se vit arrêté soudain par une branche, qui s'avançait comme un bras. Il voulut l'écarter, mais la branche le prit et le serra très fort avec ses petits rameaux, comme une main aurait pu le faire. Stupéfait, il se tourna alors vers l’arbre, et bizarrement lui trouva une apparence tout extraordinaire. C'était un arbre mais c'était aussi comme un géant, qui avait des formes humaines, sauf qu'il n'avait qu'un seul pied. Il distinguait deux bras tortueux, une tête, avec une sorte de visage, où la mousse tenait lieu de barbe. Il voyait quelque chose comme deux yeux, un nez, enfin une bouche pleine de dents aux lèvres d'écorce.  Cette bouche se mit à parler, et l'arbre dit d'une voix très lente et solennelle : « tiens un enfant pâtisserie » et la bouche s’ouvrit bien grande pour l’avaler. C’est à ce moment là que son ventre gargouilla et qu’il se réveilla  … Il se leva d’un bond du banc et couru en hurlant, il accéléra encore quand une branche lui toucha la tête. A bout de souffle, il arriva  chez lui où l’attendait  Annanie les bras croisés et les sourcils froncés …. Parait-il qu’il ne mangea pas de la semaine.


Christian LUZERNE Conteur de Légendes

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