Les voyages du Conteur de Légendes.
L’âme du château.
En ce jour, après une trop longue marche, j’aperçus des ruines dans une vallée
au-dessous de moi. Je me suis dit que c'était là sans doute un endroit qui pourrait
peut-être m’abriter. La nuit ne tarderait pas à tomber et comme personne ne m’attendait,
je décidais de me diriger de ce côté. Le lieu que j’avais choisi pour m'y
reposer paraissait être un très ancien magnifique château. D’élégantes colonnes
se dressaient encore çà et là au milieu des décombres, et quelques
appartements, assez bien conservés témoignaient des splendeurs passées de cette
demeure. Je cherchais un lieu qui pourrait m’offrir un relatif confort pour la
nuit quand j’entendis un véritable sanglot. Il semblait sortir d'une poitrine non
pas humaine, enfin c’est ce qui me paraissait, mais plutôt, disons, de celle
d'un animal. Je pris la direction d'où venait la plainte et je m’engageais sans
trop hésiter dans un long couloir très sombre. Je me retrouvais bien vite devant
une très belle porte sculptée qui était entrebâillée, et derrière laquelle
venaient ces tristes plaintes. Je la poussais et restais pris d'étonnement sur
le seuil. Dans une chambre délabrée, qu'éclairait mal une fenêtre, je vis, posée
à même le sol, une grande chouette prisonnière dans une sorte de filet abandonné
là, depuis des lustres. Elle avait de grosses larmes qui remplissaient ses
grands yeux ronds, et son bec recourbé laissait échapper des sons inarticulés avec
une voix enrouée et épuisée. Quand elle me vit, elle s’immobilisa et me fixa. Je
m’approchais doucement, et délicatement je la libérais de son piège. Dès qu’elle
retrouva sa liberté, elle jeta un cri strident qui me semblait être de joie.
Elle s'essuya délicatement les yeux avec ses grandes ailes bordées de roux. Puis
elle s’approcha de la fenêtre ouverte sur la forêt, se tourna vers moi et à mon
grand étonnement s’inclina dans une profonde révérence, comme on devait le
faire autre fois, du temps de la splendeur du château. Elle prit son envole
dans la nuit déjà bien avancée. Le château bienveillant, semblait m’inviter à m’installer,
ce que je fis.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé.
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