LES VOYAGES DU CONTEUR DE
LEGENDES
Suite … La vieille maison
… Un chat, qui faisait son ronron
auprès de la cheminée, fort surpris de mon intrusion sauta en renversant les
pelles et les pincettes et causa une telle frayeur à la jeune femme assise sur
un confortable fauteuil qu'elle poussa des
cris de frayeurs. Moi-même je criais bêtement pour me donner une contenance. Puis
ce fut une vieille femme qui accourut. La bonne dame n'en revenait pas. Par
précaution je me tenais immobile. Or,
voilà que, tout d'un coup, les cloches se mirent à sonner à toute volée. « Étaient-elles
donc déjà rentrées bonne mère Pascale ? » dit la plus jeune. Les deux
femmes se précipitèrent vers l’armoire un peu cachée dans l’ombre. Impossible d’en
ouvrir la porte. La clé résistait, décidément cette maison était bien capricieuse.
La bonne mère Pascale se tourna vers moi et sans façon m’ordonna de l’ouvrir. Sa jeune compagne se leva d’un
bond, les mains dans les cheveux, elle cria : « ouvrez-la ! ».
La jeune femme était si catégorique,
elle se montrait si agitée, si désolée, qu'il me fallut bien consentir à m’avancer
vers l’armoire. D’ailleurs une armoire bizarre, toute décorée d’œufs de toutes les couleurs et
de lapins très sérieux. Mais qu’importe, l’heure n’était plus à la promenade.
Je me mis face de la porte qui défiait les
efforts de la vielle dame. J’osais, elle résistait. « C'est une serrure de sûreté, madame » que
je reconnus après un rapide examen. « Qu'importe! Ouvrez-la tout de même:
vous avez carte blanche », fit bonne dame Pascale. « Mais il faut la briser !
Brisez-la! Ah I c'est vraiment dommage, une
si jolie serrure! » La jeune femme frappa du pied ! Près de la cheminée se
trouvait un pic à bois, je le saisis et frappait un coup sec. La serrure céda
et la porte s’ouvrit brutalement en grand. Et je fus bousculé par une chose
pleine de poils qui détala en courant par la porte laissée ouverte. Juste avant
qu’il ne disparaisse je crus reconnaître un gros lapin, une hotte sur le dos et
qui semblait bien pressé. Quand je me
retournais, les deux femmes étaient assises à la grande table et le plus
sérieusement du monde peignaient des œufs
de toutes les couleurs. Je semblais ne plus exister. Je retournais chez moi et
je dois vous avouer que je n’ai jamais retrouvé la chaumière.
Christian LUZERNE Conteur de
Légendes
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