Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Depuis 14 ans déjà, je suis conteur en Lorraine. Je vais ici et là avec l’éternel plaisir de voir les yeux des enfants s’écarquiller et ceux des parents s’allumer à la flamme des souvenirs oubliés. http://www.christianluzerne.com/ et https://www.facebook.com/christianluzerneconteur/
dimanche 29 octobre 2017
Les voyages du Conteur de Légendes.
La poudre
qui donnait des plumes
Un jour que je me promenais dans un arrière pays, je
rencontrais un drôle de personnage. Un vieil homme barbu me dépassa d’un pas
rapide. Puis il ralentit et semblait m’attendre.
Quand j’arrivais à sa hauteur, il m’adressa tout de suite la parole :
- « C’est vous le conteur de Légendes dont l’épicière m’a
parlé qui parcourez la campagne à la recherche de bizarreries ? Vous venez de faire la rencontre de votre vie ».
Il me proposa de pousser ma balade jusqu'à l’étang voisin dont
les bords étaient parait-il toujours très animés. Il se souvenait surtout d'y
avoir souvent vu des hérons qui avaient attiré particulièrement son attention
par leurs allures bizarres et les claquements très curieux de leurs becs. Intéressé
j’acceptais avec empressement. En nous rapprochant de la pièce d'eau, il
s'empressa de me donner l'ordre de bien rester en arrière. A peine arrivés, nous
vîmes trois de ces oiseaux qui semblaient tenir conseil, tandis qu'un quatrième
se promenait à peu de distance en cherchant des grenouilles.
- « Sur ma barbe, s'exclama le personnage à mi voix, la
conversation doit être fort intéressante. Si nous nous faisions canard ? »
N’osant éclater de rire, je déclinais poliment l’invitation.
Il haussa les épaules et tira une petite boîte de sa poche. Il y prit une pincée
de poudre qu'il aspira fortement. Un coup de vent malheureux m’en fit respirer
quelques particules. Soudain je vis ses jambes se recroqueviller, devenir maigres et rougeâtres. Elles se transformèrent
en pattes disgracieuses, ses bras en ailes, le cou s’étira, la barbe disparut et pour terminer le corps se
couvrit de plumes.
- « Mes compliments pour votre joli bec », osais-je dire
lorsque je fus revenu de mon saisissement, ce qui demanda un certain temps. Je
dois avouer que de ma vie je n’avais jamais rien vu d'aussi extraordinaire.
- « Vous me flattez !
Vous-même avez de jolies plumes ! » Répliqua le bonhomme avec une
inclinaison profonde de son long cou.
- « Approchons-nous, afin de voir si nous comprenons
réellement le héronais. »
Entre-temps, le héron qui donnait la chasse aux grenouilles
avait terminé sans doute son repas. Il avait commencé un bout de toilette tout
en revenant du côté des trois autres, à l'un d’eux il dit :
- « Accepteriez-vous un quartier de lézard ou une cuisse
de grenouille ? ».
Son compagnon déclina l’offre. Je n’attendis pas la fin de la
conversation pour prendre mes jambes humaines à mon cou couvert de petites plumes.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé.
dimanche 22 octobre 2017
Les voyages du Conteur de Légendes.
Suite …
L’âme
libérée du château.
Quand
le soleil se leva, il éclairait un des jours les plus importants de l'existence
de notre chouette. Je réfléchissais à ce que le seigneur du lieu et la jeune
fille avaient fait, et je n’en dissimulais pas la gravité à la chouette. Je
songeais à la douleur de celui qui avait
été blessé, mais que faire? Il était trop tard pour revenir en arrière, le sort
en était jeté. La chouette reprit gravement qu’elle ne pouvait oublier un
instant le poids qui avait dû accabler son amoureux éconduit. Le soir revenait,
le temps n’avait pas de prise sur nous. Le soleil disparut derrière la colline.
La lune magnifique se leva nimbée de brume. Un silence absolu se fit. Et
soudain, un bruit d’aile nous fit tourner la tête vers la fenêtre. Une autre chouette
se tenait sur le bord de la tablette de pierre. Elle était très tranquille et nous
fixait intensément.
Tout
à coup elle nous parla :
-
« vois-tu ma princesse, quand je t’ai fait boire cette potion diabolique qui t’accable, ma peine fut si grande que je
ne pu me résoudre à te perdre. Aussi, je bus de ce breuvage qui a fait ce que
je suis, et depuis je vis dans l’ombre, au fond du trou de l’arbre face à ta chambre.
Je veille sur toi en soupirant, attendant que tu veuilles bien me pardonner. »
Avant
que je puisse dire un mot, les deux oiseaux s’étaient retrouvés. En rapprochant leurs têtes, leurs yeux se
fermèrent de joie devant ce bonheur inespéré qui s’offrait à eux. Je me sentais
tout à coup étranger à cet évènement. Alors je disparus sur la pointe des pieds.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé.
dimanche 15 octobre 2017
Les voyages du Conteur de Légendes.
Suite …
L’âme libérée du
château.
Je fus réveillé au petit matin
par un bruissement d’ailes. J’ouvrais
les yeux quand je vis la chouette revenue se poser sur le bord de la fenêtre.
Elle me regardait bizarrement. Qu’elle ne fut pas mon étonnement quand elle
m’adressa la parole. Elle me raconta son histoire. Sache étranger que le sort
ne m’a point épargnée, je me nomme Elina et je suis la seconde fille du
seigneur de Mensberg. Un jour il invita un troubadour qui était en réalité un
enchanteur. Il tomba amoureux de moi et demanda ma main à mon père. Mon père l’a
très mal pris et l’a fait jeter dehors. Il faut dire que j’ai ri comme une
sotte que j’étais. L’enchanteur en a gardé sans doute de cet affront un très vif
ressentiment. Par la suite il a su se glisser dans mon entourage sous le
déguisement d’un valet et un jour que j’avais demandé des rafraichissements m’a fait prendre un breuvage qui m’a
transformé en cet oiseau nocturne sous la forme que vous me voyez maintenant.
Avant de s’éloigner il me cria que je resterai ainsi sans jamais sortir à la
lumière du jour. Ce sera ma vengeance
contre ton orgueilleux père et contre toi petite sotte. Depuis lors, bien des semaines ont passé. Ma vie
s'écoule triste et solitaire entre ces murs. La lumière du soleil m’aveugle et
seule la nuit m’est douce et accueillante….
A suivre ….
Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé.
samedi 7 octobre 2017
Les voyages du Conteur de Légendes.
L’âme du château.
En ce jour, après une trop longue marche, j’aperçus des ruines dans une vallée
au-dessous de moi. Je me suis dit que c'était là sans doute un endroit qui pourrait
peut-être m’abriter. La nuit ne tarderait pas à tomber et comme personne ne m’attendait,
je décidais de me diriger de ce côté. Le lieu que j’avais choisi pour m'y
reposer paraissait être un très ancien magnifique château. D’élégantes colonnes
se dressaient encore çà et là au milieu des décombres, et quelques
appartements, assez bien conservés témoignaient des splendeurs passées de cette
demeure. Je cherchais un lieu qui pourrait m’offrir un relatif confort pour la
nuit quand j’entendis un véritable sanglot. Il semblait sortir d'une poitrine non
pas humaine, enfin c’est ce qui me paraissait, mais plutôt, disons, de celle
d'un animal. Je pris la direction d'où venait la plainte et je m’engageais sans
trop hésiter dans un long couloir très sombre. Je me retrouvais bien vite devant
une très belle porte sculptée qui était entrebâillée, et derrière laquelle
venaient ces tristes plaintes. Je la poussais et restais pris d'étonnement sur
le seuil. Dans une chambre délabrée, qu'éclairait mal une fenêtre, je vis, posée
à même le sol, une grande chouette prisonnière dans une sorte de filet abandonné
là, depuis des lustres. Elle avait de grosses larmes qui remplissaient ses
grands yeux ronds, et son bec recourbé laissait échapper des sons inarticulés avec
une voix enrouée et épuisée. Quand elle me vit, elle s’immobilisa et me fixa. Je
m’approchais doucement, et délicatement je la libérais de son piège. Dès qu’elle
retrouva sa liberté, elle jeta un cri strident qui me semblait être de joie.
Elle s'essuya délicatement les yeux avec ses grandes ailes bordées de roux. Puis
elle s’approcha de la fenêtre ouverte sur la forêt, se tourna vers moi et à mon
grand étonnement s’inclina dans une profonde révérence, comme on devait le
faire autre fois, du temps de la splendeur du château. Elle prit son envole
dans la nuit déjà bien avancée. Le château bienveillant, semblait m’inviter à m’installer,
ce que je fis.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé.
Inscription à :
Articles (Atom)
Lumière de vie La fête de la lumière arrivait au milieu de l'hiver. Dans son petit coin de campagne chacun cherchait comment, à cette...
-
Les voyages du Conteur de Légendes. L'arc-en-ciel L'arc-en-ciel ne serait jamais visible à l'œil de l'homme si la soif ...
-
Les voyages du Conteur de Légendes. Quelques croyances Bretonnes ... L'Eau de Mer en Basse-Bretagne - Les marins bretons ...
-
Il suffit juste de prendre le temps d'y croire, de frotter la lampe merveilleuse et la semaine sera telle que vous la désirez.