dimanche 19 février 2017

LES VOYAGES DU CONTEUR DE LEGENDES
Le jeune couple de la calèche
Deux heures sonnaient au clocher de la petite église de mon village. J’étais parti faire ma promenade journalière. Le ciel, d’un bleu profond, laissait le soleil inonder mon visage. Mon chapeau de paille un peu juste, je choisi un arbre bien feuillu et je me mis à son ombre avec l’envie d’y faire une belle sieste.  La chaleur était accablante. Fatigué, j'éprouvais un invincible besoin de repos. L'ombre était engageante, je m'étendis au pied de l’arbre, une racine me servant d’oreiller. Un demi-sommeil commençait à me gagner, lorsqu’un bruit de sabots me tira de l'engourdissement où j'étais plongé. Une élégante calèche emmenée par deux superbes chevaux roulait sur le chemin puis s’arrêta non loin de moi en m’ignorant. Le conducteur de ce bel équipage était un homme d'une trentaine d'années. Son visage avait une expression de gravité que tempérait la douceur de son regard. A ses côtés était assise une jeune femme dans tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté. Elle tenait sur ses genoux un panier recouvert d’une jolie serviette à carreaux. En les regardant mieux, une drôle d’impression fit place à mon agacement, je ne saurais dire lequel était le plus pâle. Dans nos campagnes, l’air et le soleil burinent les visages et le bon vin rosit les joues. Manifestement ils n’étaient pas de la région. L’attelage arrêté, le jeune homme en fit le tour et donna sa main à la jeune fille qui descendit avec grâce. Ils étaient richement habillés mais à mon avis bien trop chaudement pour l’époque. Et bras dessus, bras dessous sans sembler être le moins du monde incommodés par la chaleur, ils s’éloignèrent dans la prairie toute proche. La jeune femme déposa avec beaucoup de soin d’appétissantes victuailles sur une nappe finement brodée. Assis l’un contre l’autre sur une souche d’arbre, ils déjeunèrent sans se dire un mot me semblait-t-il. Les chevaux avaient une patience d’anges et attendaient silencieusement en dégustant quelques feuilles. Je m’endormis.  Je fus tiré de ma sieste par une mouche  trop curieuse. En voulant la chasser, je m’aperçus que j’avais un bouquet de violettes dans ma main. Plus de trace de l’attelage ni du jeune couple.  Je me levais péniblement et curieux je voulu voir de plus près l’endroit qui m’intriguait et où il me semblait que les deux voyageurs s’étaient installés pour déjeuner. Enfin c’est ce qu’il me sembla car je ne retrouvais dans l’herbe en tout et pour tout que quelques fleurs qui n’avaient pas été cueillies. Je posais le bouquet de violettes sur la souche et je m’éloignais  en me retournant plusieurs fois.

Christian LUZERNE Conteur de Légendes


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